Monumenter communément
Mais comment envisager une définition du monument en ces temps d’aujourd’hui où le volatile et le décentrement des choses des valeurs et des gens perturbent nos habitudes d’homo sapiens.

Pour aller vite et faire fi des grandes définitions je dirais que c’est un gros machin qui est là pour encombrer un espace, parfois public, parfois non ; que sa fonction diffère selon les saisons mais qu’en général un monument servirait à se souvenir ; et se souvenir de quoi me direz-vous ? de tout ce que vous voudrez je vous répondrais ; disons pour se souvenir par peur d’oublier, comme si oublier était un problème ! Le monument serait alors un rappel à l’ordre qui nous empêcherait d’oublier qu’on ne peut pas oublier ! alors si le monument est gros et grand on est à peu près sûr de ne pas le louper. Voilà pour ça ! Bon c’est vrai qu’entretemps la notion de monument a été revisité, du marbre on est passé au bronze, du bronze au synthétique, du synthétique au presque rien puisque les places publiques ont quasi disparu des tablettes des architectes il a donc fallu aller voir ailleurs. Les grandes affiches publicitaires ont recouvert les murs, puis les écrans ont pris le relais par l’entremise des mots, des sons, des écriture. Et donc le film. Le film serait devenu la pierre d’achoppement par où tout arrive et tout repart, comme une vis sans fin qui recycle chacun des instants de nos vies pour les remettre en scène et nous rappeler que nous sommes malgré tout toujours en train de vivre…

Et  ce mot monument, pensez ! Mot-nu-ment. Un mot nu qui ment. Iggy Pop nu mentait-il ? Mais que pourrait-être un mot nu ? qui ment par-dessus le marché ? nous ne sommes pas loin de boniment, et un boniment c’est du baratin fait par un bonimenteur, c’est-à-dire un baratineur qui baratine, comme un monumenteur qui monumente, et nu, par-dessus le marché ! Mais qu’est-ce donc qu’un mot nu ? un mot sans lettres ? ou pire, un mot sans mot ? le mot sans mot serait un contre-syllogisme, sachant qu’un syllogisme est un mot qui va (qui joue) avec un autre. Un contre-syllogisme serait donc une parole qui irait avec rien ni personne, qui serait nue en quelque sorte, et une personne sans rien est une personne nue. On pense au paradoxe du fromage à trous (le paradoxe du gruyère) célèbre paradoxe construit selon un syllogisme : plus il y a de fromage, plus il y a de trous ; or plus il y a de trous, moins il y a de fromage ; donc plus il y a de fromage, moins il y a de fromage… donc plus il y a de mots nus, et dieu sait s’il y en a, plus il y a de mots qui mentent. Et plus il y a de mots qui mentent plus il y a de nus. Et plus il y a de nus plus il y a des mots, et plus il y a des mots plus il y en a qui mentent, et plus il y en a qui mentent plus ils seront nus, et plus ils seront nus plus ils ne voudront plus rien dire, donc un mot nu ne veut rien dire puisqu’il ment. Et donc la question se pose : un mot qui ne signifie rien est-il encore un mot ? Cette idée a été largement débattue par les futuristes russes chez Khlebnikov et bien sûr chez Malevitch : « nous sommes parvenus au rejet du sens et de la logique de la raison ancienne » « pour se libérer de toute obligation didactique mais aussi de toute aspiration à désigner ou à représenter le monde. » (Todorov)
D’où le mot nu ment porté au nu, comme des nuées ardentes, ou des nuées de sauterelles, ou des nuées de phalènes ancestrales, comme l’Ordre de la Phalène qui est un ordre monastique Cyrodiilien du culte de la Phalène Ancestrale. Ce culte fait écho à une tradition artisanale cyro-nordique qui consiste à fabriquer de simples et exotiques châles, appelés soies-ancêtres, et faits à partir de la soie produite par les phalènes ancestrales. L’adoration de ces papillons est donc à la fois une forme de culte des ancêtres et un culte animiste. Ses membres, des moines pour la plupart, sont les plus importants adorateurs de la Phalène Ancestrale. Ils ont la garde des Parchemins des Anciens et la charge de les lire. Une fois devenus aveugles à force de lecture, les moines doivent se retirer dans le Temple des Phalènes Ancestrales, nommé Sanctuaire de la Phalène Ancestrale.  S’égare-t-on ? Pas du tout. Les textes de la wiki encyclopédie dédiés à l’univers des Elder Scrolls sont tellement désopilants qu’il est irrésistible de ne pas les citer de temps à autre simplement comme récréation. Serait-ce une forme de monument qui en passerait par l’écriture ? mais oui, dans un certain sens.